Aliens

Prise : 026
Film : Aliens
Date : 09 décembre 2009
Auteur : O'Brian

Vous aussi, proposez vos plans qui font la différence ! N'hésitez pas à faire une ou plusieurs captures d'écrans et composez un petit texte à votre sauce... puis envoyez le tout à .


LE film sélectionné aujourd’hui reste, 23 ans après sa sortie et malgré les avancées technologiques en matière d’effets spéciaux, le meilleur film de Space Marines jamais réalisé.

Une preuve de plus, s’il en était besoin, de l’importance du scénario et de la réalisation (plus largement, de la narration) sur la technique pure et simple…

Mais attention, la donne risque de changer très vite. Un autre film ayant pour personnages principaux des Space Marines va bientôt sortir dans le monde entier… et il est extrêmement prometteur (je croise les doigts et le reste : s’il vous plait faites qu’il soit vraiment bon !!!!!!!) !!

Son titre : Avatar.

Honte à tous les réalisateurs américain de SF des deux dernières décennies ; l’auteur de ces deux films, en plus d’être canadien, est le même : l’indétrônable James Cameron.

He’s back pour mettre une claque à tout le monde… y compris à lui-même ! En guise de piqûre de rappel, il a même réembauché à bort de son Avatar l’actrice principale du film dont je vais vous parler aujourd’hui.

Il s’agit évidement de :

Aliens - Affiche

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Aliens (ou Alien, le retour dans la langue des mecs qui ne prononcent pas les « S ») est un film d’action-science-fiction datant de 1986, réalisé par James Cameron sur un scénario de James Cameron d’après une histoire de James Cameron, David Giler et Walter Hill et des personnages créés par Dan O'Bannon et Ronald Shusett et avec Sigourney Weaver, Carrie Henn, Michael Biehn, Lance Henriksen, Paul Reiser et Bill Paxton devant la caméra.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce film, voici un lien vers sa fiche IMDB : Aliens (IMDB)

Question : Connaissez-vous la différence entre une Version Longue et une Version Courte ?

Réponse : Il y a plus de choses dans la longue.

La plupart du temps, cette blague douteuse est l’unique vérité cachée derrière celle, plus mercantile, du marché des galettes cinématographiques.

Les éditeurs ajoutent quelques plans supplémentaires (parfois seulement quelques secondes et, quand on a de la chance, quelques minutes) histoire d’obtenir le droit moral d’écrire « Version Longue » sur leur packaging.

Parfois ils ont même l’accord du réalisateur et éditent fièrement la version qu’ils ont refusé de diffuser au cinéma. Vu que cette dernière s’est souvent ramassée lamentablement, leur incompétence se transforme en argument commercial, offrant au public un « Director’s cut ». Cette appellation d’origine contrôlée est également très utile pour réussir à vendre des « versions courtes », ce qui arrive rarement mais s’est déjà vu.

Parfois, ils ajoutent un bout de sein par-ci, un membre coupé avec plein de sang par-là et obtiennent une magnifique version « Unrated ».

Et quand on veut en mettre plein la gueule niveau marketing on fait un petit panaché avec la fabuleuse « Version longue Director’s Cut Unrated » !! FUCK YEAH !!!

Mais, vous savez quoi… dans le monde réel, il arrive souvent qu’une scène coupée mérite de l’être. Enfin, quand on a un bon monteur…

Cependant, là où, chez la majorité des réalisateurs, on se retrouve avec du blindage inutile narrativement, chez un artiste comme James Cameron, ça va généralement plus loin.

J.C. est un habitué des versions longues. Il en existe une pour quasiment tous ses films. Certaines d’entre elles sont disponibles à la vente… renvoyant la version courte aux oubliettes.

• Celle de Terminator n’a jamais été montée officiellement et pour cause, il en a recyclé plusieurs passages pour concevoir Terminator 2.

• Celle de The Abyss est extraordinaire. Ce véritable cas d’école méritera certainement un jour un article sur ce blog.

• Celle de Terminator 2 n’est pas la plus utile mais apporte des idées intéressantes (dont certaines seront reprises dans le Hulk de Ang Lee, si, je vous assure) et améliore même un problème de rythme de la version courte.

• Celle de True Lies est encore dans un tiroir pour une sombre raison. James a décidé, entre autres, de couper toute une intrigue secondaire développant la relation entre Arnold et sa fille. Il est à noter que, selon Schwarzy, elle renferme sa meilleure scène de comédie jamais tournée (ne comprenez surtout pas le mot « comédie » dans le sens « comique », on parle du jeu d’acteur là). Si quelqu’un possède cette version, je suis preneur…

Titanic en avait évidemment une mais le succès SURPRISE et historique du film changea la donne. Vu les scores, le King of the Word a décidé, et bien lui en a pris, qu’il insulterait son public et risquerait même de se décrédibiliser en présentant une version « encore plus mieux ». Mais le DVD présente un paquet de ces scènes coupées. A vous de monter le film dans votre tête… ou réellement, pour les plus courageux.

• Selon les rumeurs, Avatar présentera un nouveau cas d’école (décidément) puisque les deux versions sortiront simultanément au cinéma (la courte en IMAX et la longue pour les autres). Cela proviendrait, a priori, d’un problème technique lié à la longueur maxi des films diffusés en IMAX… Mais rien ne prouve que Jim ne dispose pas d’une version « encore plus longue » dans ses cartons. L’avenir nous le dira.

Edit : Finalement, le montage d'Avatar est le même dans tous les formats et à mon avis il y a plusieurs raisons à cela.

La première est expliquée par James en personne : "Le film a la même durée dans tous les formats, car la durée maximale que puisse supporter un projecteur Imax étant de 2h40, je ne voulais pas léser les spectateurs de ce format-là en leur proposant un montage plus court que celui projeté en CinemaScope dans les salles normales. Et je voulais d'autant moins les léser que j'estime que, pour profiter au maximum du spectacle et pour avoir réellement l'impression d'être dans le film, la projection en Imax 3D est la meilleure solution."

Une autre raison probable surfe sur la rumeur des problèmes de délais pour livrer tous les plans. En décidant de ne pas terminer la version longue tout de suite, le planning se sent miraculeusement mieux.

Mais en attendant d’atterrir sur Pandora, restons dans l’espace où personne ne nous entend crier.

On a tendance à l’oublier mais la grande Sigourney Weaver, éternelle Ellen Ripley, fut nominée à l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Aliens. Et je vous mets au défi de me trouver un exemple similaire…

Sincèrement, c’est un exploit quand on pense qu’il s’agit d’un film de SF (genre généralement boudé des récompenses prestigieuses, comprendre « non techniques ») à la sauce patate commando boom boom bang bang où des lascars bad ass armés jusqu’au dents sont envoyés dans l’espace pour défourailler et se faire découper par des bestiolles extra-terrestres.

En toute objectivité, Aliens possède un parfait pitch de série B, voire Z, façon Roger Corman, ou bien pire que ce grand monsieur : Paul W.S. Anderson ou Uwe Boll.

Mais heureusement, l’ami James a traité son sujet avec beaucoup de rigueur et totalement au premier degré pour crédibiliser son univers. C’est donc l’inverse de l’intéressant Starship Troopers de l’excellent Paul Verhoeven, autre film de Space Marines adapté d’un livre ayant inspiré Aliens à Cameron : « Étoiles, garde-à-vous ! » de Robert A. Heinlein (à Hollywood, rien ne se perd, tout se remake). En effet, Starship Troopers est tellement cynique et second degré qu’il relève plus de la comédie noire ou de la parodie… Ne vous y aventurez pas sans avoir emmené votre sens de l’humour avec vous.

Pour Aliens, il faut également noter un manque de moyens inversement proportionnel à l’ampleur du projet (le film a coûté « seulement » 18 millions de dollars).

Imaginez… durant la production du film, Big Jim disposait seulement de huit* costumes d’Aliens en plastoc pour simuler une armée de créatures.

* Je ne suis plus certain du nombre de costumes mais, de mémoire, c’était pas loin de ça. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’aucun plan du film ne contient plus de huit Aliens d’un coup.

Force est de constater que la suspension d’incrédulité fonctionne à plein régime : pour tous les spectateurs, la colonie Hadley's Hope située sur la planète LV-426 est littéralement infestée de Xénomorphes.

Passons les petites anecdotes pour récupérer la ligne directrice de ce blog. Aliens, suite de Alien, est un exemple flagrant de version longue supérieure narrativement, psychologiquement et viscéralement à sa version cinéma… déjà exceptionnelle !

Parmi les scènes supplémentaires se trouvent, entre autres, un passage très succinct mais relevant du fantasme de geeks : la présentation de l’armement des Space Marines.

Par extension, plusieurs autres scènes montrant l’utilisation des sentinelles radar déchirent tout.

On en avait rêvé, Iron Jim l’a fait.

Vous avez dit culte ?

Mais une autre scène coupée apporte une information capitale. Avec elle, la vision du reste de film et le parcourt de Ripley gagne en profondeur et en crédibilité.

Roulement de tambour…

Ripley a une fille !

Aliens - Fille de Ripley

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La photo présentée sur ce plan est celle d’Amanda Ripley, fille d’Ellen… même si elle est physiquement plus vieille que sa mère.

Pour comprendre ce paradoxe temporel (décidément apprécié du cinéaste) il faut se référer à la fin du premier Alien, quand Ripley se retrouve allongée dans un caisson d’hypersommeil à bord d’une capsule de survie dérivant dans l’espace…

Entre le final du premier film et le début du second, 57 ans se sont écoulés. Grâce à l’hypersommeil, Ripley n’a quasiment pas vieillie… contrairement à sa fille, restée sur Terre.

Lors de cette scène, la « jeune » mère apprend que sa fille est morte il y a 2 ans, âgée de 66 ans, sans laisser d’enfant derrière elle. Histoire de bien enfoncer le clou, nous apprenons que Ripley avait promis à sa fille de rentrer pour fêter son 11 eme anniversaire…

Et croyez-moi, une promesse non tenue est un très bon élément narratif pouvant crédibiliser d’importants changements psychologiques chez un personnage…

… comme accepter de retourner en enfer ou risquer sa peau pour sauver une petite fille.

Regardez l’image suivante. Il s’agit, pour moi, d’un « plan faisant la différence ».

Aliens - Main caressant un visage

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Ce gros plan du visage de la fille de Ripley caressé par la main gauche de sa mère, renferme à lui seul la thématique centrale du film.

Cette Préparation comporte plusieurs Paiements. Ce puissant mécanisme dramaturgique s’effectue en plusieurs temps.

Aliens - Main nettoie le visage

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Lorsque Ripley trouve la petite Rebecca 'Newt' Jorden, elle l’apprivoise en la débarbouillant et en posant sa main gauche sur son front.

Aliens - Main gauche sur le visage

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Un peu plus tard, Ripley sauve Newt d’une mort certaine et la réconforte une fois de plus en posant sa main gauche sur son front. Le contact et la chaleur humaine sont évidemment très importants dans ces moments-là.

Aliens - Gros plan

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Comme pour la photo de sa fille, nous avons droit à un gros plan du visage de Newt avec la main gauche de Ripley le caressant. Le premier cercle est fermé, leurs destins sont désormais profondément liés l’un à l’autre.

A la fin du film, Newt appellera d’ailleurs Ripley « Maman ». La mère ayant perdu sa fille et la fille ayant perdu ses parents se sont trouvés. Les deux personnages ont des traumatismes mais ils vont les affronter ensemble.

Tout ceci n’est pas le fruit du hasard mais celui d’une réalisation réfléchie et maîtrisée. La baston, c’est bien, mais avoir un cœur qui bat, c’est encore mieux.

Car derrière ses allures de spectacle bourrin, Aliens est un film sur la maternité ou l’instinct maternel, aussi bien chez Ripley que chez les Aliens.

Jim invente d’ailleurs un nouveau personnage très fort : la reine Alien, la mère, la pondeuse. Dans Aliens, les mères sont prêtes à tout pour défendre le fruit de leurs entrailles.

La preuve lors du final.

Aliens - Main Alien essayant de toucher Newt

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La main de la mère Alien (métaphorisant n’importe quel « monstre » voulant du mal à nos proches) essaye d’attraper l’enfant (thématique que tout être humain peut comprendre dans ses tripes).

Aliens - Main Alien proche du visage de Newt

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Quelques instants plus tard, la main de l’Alien est sur le point de toucher la petite Newt.

Là, ça va chier !

Histoire de clarifier les choses et offrir une punchline explicite à Ripley, personnage habituellement tout sauf vulgaire, Cameron ajoute ce dialogue très cru : « Get away from her, you bitch! » ou « La touche pas, sale pute ! » en VF.

Le point de non retour a été dépassé.

Les deux « mères » n’ont plus qu’à s’affronter en combat singulier.

Aliens - Combat des mères

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Pas d’arme à feu. Ici, tout se règle les yeux dans les yeux à grand renfort de coups de poings dans la gueule !

Aliens - Jeu de mains, jeu de vilain

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Cette fois, la main gauche ne caresse plus… elle bâche !

Contrairement à beaucoup de films didactiques où les bons et les méchants sont clairement des clichés unidimensionnels (surtout lorsqu’il s’agit de « film de monstre(s) »), Aliens brouille les pistes en donnant une légitimité aux créatures.

Les Aliens de ce film ne sont pas simplement des bestioles vicelardes s’amusant à bouffer de l’humain mais agissent toutes dans un seul but : préserver leur espèce. En gros, elles veulent vivre… ou survivre.

Pas de bol pour nous, leur mécanisme de reproduction implique la ponte d’une larve à l’intérieur d’un hôte. Cet hôte n’est pas obligatoirement humain mais… quand il n’y a personne d’autre, on fait avec ce qu’on a.

Comment leur en vouloir ? Je vous rappelle qu’elles ne sont même pas sur leur planète mère. Ce sont des exilés ! Les pauvres petits choupinous…

Alors… faut-il plaindre les Aliens ? Rassurez-vous, il n’y a pas de quoi sortir ses mouchoirs pour l’instant mais, dans un sens, c’est possible.

En tout cas, un bon réalisateur ou un bon auteur travaillant sur de telles bestioles doit réussir à les comprendre… à défaut de les accepter.

Un « simple » cadrage, un « simple » plan, peut porter en lui une grande partie de la thématique du film, expliciter la psychologie d’un personnage et avoir un écho très intéressant sur d’autres plans du même film…

… alors réfléchissez un minimum avant de dégainer votre caméra.

N’hésitez surtout pas à regardez les bonus de l’édition spéciale « Alien quadrilogie ». Cet excellent coffret est riche en matière d’anecdotes et sans langue de bois vu le nombre d’années du projet.

Il y a moyen de faire des tonnes d’articles d’après ces DVD… tout comme il y a moyen de se rendre compte, entre autres, du génie de James Cameron.

2 commentaires :

  1. C'est assez marrant car je disais encore cette après-midi à un ami combien la version longue de "Aliens" était plus puissante que la version cinéma. Et pour ma part je la trouve même vraiment au-dessus car c'est elle qui m'a fait réellement "découvrir" Aliens.
    J'étais comme un petit foufou en voyant que tu avais faitun post là-dessus et c'est très réussi !! Ce blog y'a pas à dire, je suis fan ! C'est de la bombinette qu'on se le dise !

    Croisons les doigts maintenant pour "Avatar".... plus que quelques jours pour être soit les plus heureux, soit les plus triste !

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  2. Merci beaucoup garçon ;-)
    J'ai inséré un petit "Edit" dans cet article à propos d'Avatar justement. Une œuvre respectant ses promesses soit dit en passant. Ouf, je respire, tous mes articles suçant le père Cameron sont encore valables =^.^=

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