Bowling for Columbine

Prise : 027
Film : Bowling for Columbine
Date : 13 janvier 2010
Auteur : O'Brian

Vous aussi, proposez vos plans qui font la différence ! N'hésitez pas à faire une ou plusieurs captures d'écrans et composez un petit texte à votre sauce... puis envoyez le tout à .


LE film sélectionné aujourd'hui est aussi fort que drôle.

Il comporte du réel, de la fiction, du dessin animé et a mis en lumière son charismatique réalisateur à l’allure beauf, sa grande gueule et ses méthodes parfois contestables.

Auréolé d’un Oscar, ce dernier poussa la polémique jusqu’à se faire censurer son discours lors de la prestigieuse cérémonie.

Je veux évidemment parler de :

Bowling for Columbine Affiche

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Bowling for Columbine est un documentaire pamphlétaire datant de 2002, écrit et réalisé par Michael Moore et avec Michael Moore, George W. Bush, Charlton Heston et Marilyn Manson.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce film, voici un lien vers sa fiche IMDB : Bowling for Columbine (IMDB)

Pour moi, Bowling for Columbine est le meilleur des films de Michael Moore que j’ai eu l’occasion de visionner. Il sait allier le divertissement à l’information, est blindé d’idées narratives et développe en profondeur un sujet délicat sans prendre de gants.

Mais parmi toutes ces très bonnes choses se cache un moment très critiquable. Un passage durant lequel Michael Moore va un cran trop loin dans sa méthode de travail. Une scène où il alterne, via un montage classique « Champ / Contrechamp », des images documentaires et des images fictionnelles… le tout sans laisser au spectateur la possibilité de s’en rendre compte.

Cette scène se trouve à la fin du film. Elle représente les derniers instants de la rencontre entre Michael Moore et Charlton Heston.

Observez bien les différents plans la formant :

Bowling for Columbine

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Charlton Heston se retire…

Bowling for Columbine

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… mais est rappelé par Michael Moore

Bowling for Columbine

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… lui présentant la photo d’une petite fille désormais décédée.

Bowling for Columbine

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Mais Charlton s’en fiche et continue son chemin.

Bowling for Columbine

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Michael insiste.

Bowling for Columbine

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Il brandit la photo le regard triste…

Bowling for Columbine

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… mais Charlton disparaît pour de bon…

Bowling for Columbine

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… laissant le malheureux Michael seul avec sa photo.

Ce passage tire sur la corde sensible des spectateurs. Bon sang, mais quel enculé ce Charlton Heston ! Le gentil Michael Moore était devant lui avec de beaux yeux de chien battus, l’implorant de poser un regard sur le visage de cette petite fille mais ne reçus que du mépris…

Du coup, Charlton laisse Michael seul dans sa maison sans même le raccompagner vers la sortie.

Attendez une seconde…

Charlton Heston est un homme flippé. Il vient d’expliquer il y a quelques instants à Michael Moore qu’il possédait des armes pour se défendre d’une potentielle invasion à l’intérieur de sa maison… mais laisserait un inconnu lui voulant visiblement « du mal » (enfin, à son image, pas physiquement) seul dans sa maison et sans surveillance ?

Personnellement, j’ai beaucoup de mal à saisir sa logique…

Normal, il y a une arnaque.

Regardez à nouveau cet enchaînement de plans :

Bowling for Columbine Bowling for Columbine

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Ne remarquez-vous pas quelque chose d’étrange, de perturbant ?

Où sont cachés les deux caméramans indispensables pour filmer ces deux axes en même temps ?

Vu les angles de ce « Champ / Contrechamp », ils devraient obligatoirement apparaître dans le plan de l’autre.

Conclusion : cette scène, censée se dérouler en « direct live », a été tournée à deux instants distincts.

Du coup, le spectateur est en droit de se demander où s’achève le documentaire (plan sur Charlton) et où commence la fiction (plan faisant la différence sur Michael).

Mais ce « petit problème » va un cran plus loin.

Pour être raccord avec les images, la voix de Michael Moore (couvrant l’intégralité de ce montage de deux plans) fut obligatoirement enregistrée lors de la seconde prise, quand la caméra était tournée vers lui.

Alors, est-ce que Charlton Heston a bien entendu ces mots ?

Rien ne le prouve.

La scène a très bien pu se dérouler de cette façon lors du tournage du premier plan :

Bowling for Columbine

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Bowling for Columbine

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Et on pourrait parfaitement nous faire croire qu’elle s’est déroulée comme ça :

Bowling for Columbine

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Bowling for Columbine

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Bowling for Columbine

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Vous voyez ce que je veux dire ?

Il est possible de dire tout et n’importe quoi grâce à un montage habile. Un plan aussi anodin qu’un contrechamp peut remettre en question l’intégrité, voire l’intégralité, d’un documentaire.

Attention donc à ne pas en abuser…

7 commentaires :

  1. Il est donc effectivement impossible que ce plan ait été filmé tel qu'on nous le faisait croire...

    Il s'agirait donc de la reconstitution d'un dialogue entre M. Moore et C. Heston ; et dans ce cas, ce n'est pas la première fois que j'entends parler de ses procédés "litigieux" dans ses démonstrations de "vérité".

    Mais d'un autre côté, il a peut-être pu reproduire fidèlement la scène telle qu'elle s'est vraiment déroulée...

    Michael Moore est-il malhonnête ?

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  2. Les procédés de Moore ont très souvent été critiqués. Par ses détracteurs, mais aussi par d’autres documentaristes. Pour les premiers c’est évidemment normal et classique. Pour les seconds, c’est plus délicats.
    Moore a rencontré un succès phénoménal qu’aucun autre documentariste n’avait jamais obtenu avant lui. Il a réussit à toucher un public très large (ce qui est un objectif de la majorité des documentaristes souhaitant faire passer un message, sinon, WTF ?) et par conséquent touché… énormément de fric !
    Avant qu’il ne devienne riche, on se foutait un peu de lui. Mais ensuite, on a cherché des failles pour le casser. Alors, jalousie ou réel danger ? (je pourrais faire un parallèle un peu cavalier avec Cameron, qui énerve beaucoup de monde à cause de son succès titanesque, et seulement ça… mais c’est un autre débat.)

    Moore fait de la politique et, comme tous les politiques, il a un côté malhonnête. Toutes les campagnes politiques sont bourrées de mensonges, ce n’est pas un scoop… Moore, comme tous les autres, fait ce qu’il peut pour vendre son produit (ses idées). L’important est de toucher un public large.

    Personnellement, je pense encore que c’est une question de point de vue.
    A mon avis, et il ne regarde que moi, Moore croit en ce qu’il dit, ce qui est le plus important. Maintenant, il est critiquable dans sa façon de le dire.
    Quand il n’arrive pas à filmer la bonne « chose » pouvant servir son propos, il n’hésite pas à twister la réalité pour y parvenir de façon détournées.

    L’un dans l’autre, je m’en contrefiche. Utiliser la fiction pour faire passer un message est un procédé totalement valable à mes yeux. Dans « Bowling For Columbine », il n’hésite pas à ajouter des parties totalement divertissantes et ouvertement fictionnelles où il devient une sorte de flic, un « Corporate Cop », pourchassant des fraudeurs façon « Cops »…
    Voir ceci : Corporate cop
    C’est métaphorique, ça fonctionne, et pourtant ça n’est pas du documentaire. Les puristes critiques l’effet divertissant mais personnellement, j’aime beaucoup.

    (suite dans le commentaire suivant)

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  3. Là où ça se corse, c’est quand il fait croire qu’il nous montre un vrai docu alors qu’il s’agit de fiction. En faisant ça, il embrouille tout le monde et devient malhonnête. Il ne devrait donc pas présenter ses films comme des docus, mais comme des docus-fictions. Après libre à chacun de faire le tri, mais ou moins on serait prévenu.

    Peut-être a-t-il reproduit fidèlement la réalité lors de la scène avec Heston, c’est probable et espéré… mais même s’il a fait une reconstitution fidèle, ça reste une reconstitution, donc de la fiction. Et ça, il a le devoir d’en informer les spectateurs.

    L’exemple que j’ai utilisé dans cet article et flagrant, voire grossier. N’importe quel type un peu dans le circuit à tout de suite vu l’arnaque. En gros, je ne soulève aucun lièvre tant c’est évident mais ce blog reste destiné à un large panel de lecteurs (tiens tiens, serais-je malhonnête ?)
    Mais n’y aurait-il pas d’autres passages, beaucoup mieux réfléchis, et totalement indétectable ?
    Et bien si.
    Par exemple, au début du film, Moore entre dans une banque et en ressort avec un fusil en cadeau de bienvenu. Vu comment c’est montré, on a l’impression que sa sortie avec le fusil arrive dans la foulée… mais c’est faux. Il faut plusieurs semaines et plein de papiers avant de pouvoir ressortir avec.

    Donc OUI, on peut obtenir un flingue quand on s’inscrit dans une banque, c’est vrai et c’est le message qu’il voulait faire passer : Moore est honnête.
    Mais NON, ça n’est pas aussi facile que le montage le laisse croire : Moore est malhonnête.

    D’un autre point de vue, Moore n’affirme JAMAIS le contraire ! Ce sont les spectateurs, dupés par l’effet de montage, qui pensent que c’est facile. Mais JAMAIS au grand JAMAIS, il ne dit que c’est facile et rapide. Il dit juste que ça existe et que c’est hallucinant.
    Alors, honnête ou malhonnête ?
    S’il l’avait dit ouvertement, il aurait été malhonnête mais là, il est juste roublard…

    S’il avait tout dit, tout expliqué dans les moindres détails, il aurait obtenu un docu beaucoup plus long et chiant, donc beaucoup moins tourné vers la cible visée. Il aurait touché moins de monde et son propos n’aurait eu aucun impact.
    Moore est un provocateur, il réalise des pamphlets, pas des docus. Il cherche le scandale pour lancer le dialogue… et ça marche !! Peut-on vraiment l’en blâmer ? Les sujets qu’il abordent méritent d’être placer au premier plan, méritent de lancer un débat… et si ce débat affirme « mais non, Moore raconte n’importe quoi, en fait c’est ça la vérité », qui sera ensuite contestée par d’autres comme d’hab, et bien c’est déjà une bonne chose.

    Tu vois le problème ?

    Le cas Moore est très complexe. Tout est une question d’éthique et de point de vue. Parfois, pour se faire entendre il faut taper du poing sur la table ou même la casser avec un marteau. Oui, ça va remuer de la merde en passant, mais le message sera passé.

    Et, au-delà de ça, rien n’interdit aux spectateurs de réfléchir à ce qu’ils regardent…

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  4. C'est certain, quand les passages de ses films-documentaires sont franchement parodiques, on sait que Moore en fait des tonnes sur le sujet et on peut en rigoler.

    Mais dans les scènes "reportages", s'il commence à nous faire douter sur la véracité d'un détail, on commence à se questionner sur l'honnêteté du procédé global.

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  5. Je suis totalement d'accord avec ton article vieux brigand et encore plus quand je lis tes commentaires. Seulement relever les arnaques de Michel Moore sur son docu c'est une politesse qu'on peut se permettre dans un pays comme le notre ou l'UMP correspond aux démocrates et ou la chaîne dominante reste TF1 et pas Fox News. Il va pas faire du Karl Zero parce qu'il est pas con, et il va pas faire du "volem rien foutre al pais"parce qu'il va passer pour un communiste(synonyme d'arrêt de mort)...Moi je pense qu'il fait le maximum pour choquer et réveiller les consciences. Après c'est un débat moral, et c'est pour ça que ton débat est génial mais il se bat avec les armes qu'il a, surtout que dans le cas de la banque, malgré les délais, le résultat est le même... Etre honnête artistiquement aujourd'hui pour des causes universelles, dans un contexte médiatiquo-culturel nivellé par le bas c'est un réel dilemme.

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  6. En tout cas vive le blog de O mister Brian, et comme dirait le soldat Joey Starr : "mais qu'est-ce ! mais qu'est ce qu'on attend pour foute le FEU !!!" avant de tomber sous les flèches des Na'vis

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  7. Et bien heu... merci pour avoir posté un commentaire enflammé, petit oiseau. =^.^=
    Par contre, désolé si ma mémoire déraille, mais j'ai un peu de mal à voir qui tu es =O_o=

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