Vous aussi, proposez vos plans qui font la différence ! N'hésitez pas à faire une ou plusieurs captures d'écrans et composez un petit texte à votre sauce... puis envoyez le tout à O'Brian@neuf.fr.
LE film sélectionné cette semaine parle d’amour, de ruptures et de retrouvailles pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la vie vous sépare, amen. Laissez-moi vous présenter :
Conversation(s) with other women (ou Conversation(s) avec une femme dans la langue approximative de Carla Bruni) est un drame intimiste datant de 2005, réalisé par Hans Canosa sur un scénario de Gabrielle Zevin et avec Helena Bonham Carter et Aaron Eckhart.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce film, voici un lien vers sa fiche IMDB : Conversation(s) with other women (IMDB)
A vrai dire, je suis embêté avec cet article… Embêté car ce film n’est pas très connu et la majorité des lecteurs de ce blog ne l’a certainement et malheureusement pas vu.
Si ça avait été un navet, je n’aurai eu aucun remord à vous le spoiler jusqu'à l'os mais là… nous sommes plutôt à l’autre extrémité de la chaîne alimentaire cinématographique.
Conversation(s) avec une femme est un film d’une justesse incroyable que (pour paraphraser Aznavour) les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître comprendre.
Pour en saisir la substantifique moelle il est préférable d'être passé par différents stades au cours de notre vie :
- Être tombé amoureux de quelqu’un,
- avoir été attiré sexuellement par ce quelqu’un,
- avoir vécu avec,
- avoir couché avec encore et encore dans une parfaite osmose,
- avoir rompu,
- en avoir souffert,
- avoir été séparé un certain temps,
- et enfin… le retrouver.
Les personnes que nous avons vraiment aimées laissent une trace indélébile quelque part au fond de notre cœur.
Peu importe les évènements ayant aboutis à une rupture, une partie de l’amour échangé reste intacte. Pas pour ce qu’est devenue cette personne mais pour ce qu’elle était.
Aujourd’hui c’est peut-être le pire des enculés ou la pire des salopes mais, à un moment (si court fut-il), c’était la personne idéale. Quoi qu’on y fasse, cet idéal reste toujours là, dans un soupir, dans un sourire, dans un souvenir.
Conversation(s) avec une femme sait parler de tout ça avec réalisme et honnêteté.
De mon point de vue, avec mon vécu et ma sensibilité, c’est un bon film, un très bon film même. Le genre de film qui, pour une raison ou pour un autre, « me (vous) parle ».
Petit, intimiste, porté sur et par d’excellents dialogues (prononcés par d'excellents acteurs), axé exclusivement sur deux personnages, il pourrait facilement être pris pour une pièce de théâtre. Si tel était le cas, la puissance du propos et des dialogues resterait la même.
Oui, mais il y a un « mais » (comme souvent)…
Ce film sait rester totalement cinématographique car il a la particularité intéressante d’être filmé quasi intégralement en split screen.
« Slip-crime ? »
Ok, je vois…
Un peu de vulgarisation ne faisant pas de mal, je me dois de commencer par expliquer ce qu’est un « split screen ».
C’est une expression constituée de deux mots anglais signifiants dans l’ordre « fendre » et « écran ».
Pour faire simple, il s’agit d’un plan composé de plusieurs plans (souvent deux mais il n’y a pas de limite) montés les uns à côté des autres pour former une seule et même image présentant plusieurs points de vue. Mais si, vous savez, vous en voyez tous les jours à la télé, surtout aux infos.
Pas évident de trouver une image sur le net…
Sachant ça, regardez une nouvelle fois l’affiche du film et, ce coup-ci, n’hésitez pas à suivre l’indication située sous l’image :
En toute honnêteté, qui avait vu au premier coup d’œil que les deux personnages n’étaient pas exactement dans le même plan ?
Certains d’entre vous vont peut-être me dire…
« Split screen ? Et alors ? Si c’est qu’un simple artifice de mise en scène pour se la péter, ça n’a absolument aucun intérêt et surtout pas de quoi en pondre un article dithyrambique ! Ouvre un peu les yeux O’Brian ! »
…et vous auriez parfaitement raison.
L’effet pour l’effet ne sert quasiment à rien (à part se donner une certaine identité, se démarquer, se la jouer, etc.) s’il n’est pas porteur de sens.
En utilisant un split screen pour parler d’une histoire d’amour fondée sur des ruptures ou des fractures, le film de Hans Canosa reste dans les clous et met en adéquation parfaite la technique employée avec le sujet traité.
Les deux personnages sont dans le même espace scénique mais ont chacun un cadre qui leur est propre. Il y a toujours cette barrière invisible, impalpable, entre eux. Toujours ce décalage qui les empêche d’être vraiment ensemble…
Pourquoi ? Comment ?
Je ne voudrais pas cramer le film aux nombreux ne l’ayant jamais vu donc…
Attention ! Si vous ne connaissez pas ce film et envisagez de le voir, je vous conseille d’arrêter la lecture ici. Le plan dont je vais parler étant le dernier du film, j’en révèle sa résolution.
Le fameux plan faisant la différente indispensable à cette rubrique est celui-ci :
Sa particularité est de ne pas respecter ce que je vous ai expliqué avant : ce n’est PAS un split screen.
Vu comme ça, il ne doit pas vous évoquer grand-chose…
Les deux personnages sont l’un à côté de l’autre, dans le même cadre, très proches même s’ils ne regardent pas dans la même direction…
Il n’est pas spectaculaire et même très classique, à l’arrière d’une voiture.
Pourtant, ce plan est un magnifique payement de l’ensemble de cette œuvre.
Contrairement à ce qu’annonce l’image ci-dessus, les personnages n’ont jamais été aussi éloignés. Ils ne sont d’ailleurs pas dans la même voiture…
Au début de ce plan ils sont, quasiment pour la première fois, dans un espace scénique différent. Ils viennent de se quitter, mettant un terme à leur folle histoire d’amour et partent dans des directions opposées.
Puis la séparation entre les deux écrans s'amenuise et les deux personnages se retrouvent « physiquement » dans la même voiture. C’est la première fois qu’ils partagent l’intégralité du cadre.
Cet effet de montage symbolise que, « métaphoriquement », ils sont toujours ensemble. Leur ancienne histoire d’amour continuera de les marquer jusqu’à la fin de leurs jours.
Ce plan les présente en train de regarder par la fenêtre, dans des directions opposées… Mais pourtant, leur pensée est bien dirigée vers l’autre.
Tant de contradictions contenues dans un seul plan mérite, à mon sens, amplement le détour.
Bon, ok… ok… je sais… c’est bon… pas la peine de crier !
Effectivement, les chansons du film sont tirées d’un album de Carla Bruni.
Oui oui et re-oui, je sais je sais…
…
Et bien, regardez-le quand même !
Croyez-moi, j’en suis le premier désolé...
Heureusement, l’intérêt de cette œuvre se trouve ailleurs… dans quelque chose de fortement éloigné de l’univers de Madame Sarkosy : son cœur.
J'ai été malin : j'ai masqué l'écran pour accéder directement au lien pour écrire ce commentaire, je vais donc me fendre d'une théorie toute personnelle sur cette affiche et le mystérieux plan de fin de ce film que je n'ai pas vu : chacun des personnages dialogue avec une autre future conquête! A moins que ce ne soit encore plus retors et que les deux personnages empruntent le même ascenceur mais pas au même moment, du genre avec quelques mois (ou années) de décalage...
RépondreSupprimer@ Indy
RépondreSupprimerJe réponds à la bourre =°o°=
Bien tenté en tout cas mais tu peux rejouer car ce n’est pas la bonne réponse =^.^=