Sunshine

Prise : 011
Film : Sunshine
Date : 05 novembre 2008
Auteur : bpfeuty

Vous aussi, proposez vos plans qui font la différence ! N'hésitez pas à faire une ou plusieurs captures d'écrans et composez un petit texte à votre sauce... puis envoyez le tout à .


CETTE semaine, je vous propose un plan extrait d'un film assez original, dans le fond comme dans la forme, j'ai nommé :

Sunshine - affiche

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Sunshine est un film de science-fiction psychologique réalisé en 2007 par Danny Boyle d'après un scénario d'Alex Garland avec Cillian Murphy, Michelle Yeoh, Chris Evans, Rose Byrne et Cliff Curtis.

Pour ceux qui ne connaitraient pas ce film et qui voudraient en savoir plus, voici un lien vers sa fiche IMDB : Sunshine (IMDB)

Sunshine relate l'aventure de huit astronautes assignés d'une simple et humble mission : rallumer notre Soleil mourant. Pour cela, ils ont embarqué dans un vaisseau spécialement conçu pour leur permettre de placer au cœur de l'astre lumineux une charge atomique afin de réactiver son noyau, sans même être certain que cela fonctionne.

Dis comme ça, ça à l'air con (on se souvient du malheureux Fusion (The Core) dans lequel une équipe est envoyée au centre de la Terre pour en réactiver le noyau…). Mais bien au contraire, le scénariste Alex Garland, utilise cette intrigue comme un prétexte pour s'interroger sur l'évolution psychologique des personnages face à cet isolement ainsi que sur les enjeux philosophiques, voire même mythologiques, d'une telle mission.

Afin de rendre les personnages plus proches et attachants, Alex Garland et Danny Boyle ont choisi une focalisation purement interne. Le film débute au moment où les occupants du vaisseau spatial perdent toute communication avec la Terre et ses habitants. La suite placera le spectateur au même niveau d’information que les personnages, seuls dans ce grand vaisseau paradoxalement froid, ignorant les conséquences du refroidissement climatique sur la planète Mère.

Et c'est là l'une des grandes forces du film.

Attention ! Si vous ne connaissez pas ce film et envisagez de le voir, je vous conseille d’arrêter la lecture ici. Le plan dont je vais parler étant le dernier du film, j’en révèle sa résolution.

Mais le plan dont je vais vous parler ne se passe ni dans l'espace, ni dans un vaisseau spatial, ni dans le Soleil ou même à proximité de celui-ci. Mais, me direz-vous, d'où diable vient le plan dont nous sommes venus parler ici ? Et bien, il vient bel et bien de Sunshine.

Et c'est justement là le problème.

Lors d'un final spectaculaire, les protagonistes accomplissent leur mission, introduisent la charge nucléaire au cœur du Soleil (malgré les très nombreux et captivants imprévus du voyage) puis meurent (je vous avais prévenus que je révélerais la fin). En effet, survivre à une explosion nucléaire capable de rallumer le Soleil est une expérience que peu d'êtres humains auront le loisir de décrire, surtout s'ils se trouvent dans la bombe à ce moment-là.

Sunshine - Boom

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Le film aurait pu se terminer ainsi, respectant jusqu'au bout la focalisation interne et laissant le spectateur choisir si la mission a réussi ou non.

Au contraire, les auteur et réalisateur du film ont préféré montrer une dernière scène, se déroulant sur Terre, où même l'Australie est recouverte de neige. La famille d'un des astronautes se tourne vers le Soleil pour le voir, dans le plan final, soudainement intensifier son éclat.

Sunshine - Thermos

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Plan animé

Le plan dans sa continuité

Alors que penser de cette dernière scène, et surtout de ce dernier plan ?

Assurément, celui-ci apporte énormément d'informations. Le Soleil se rallume effectivement puisqu'il nous offre une sorte de levé de lui-même en 10 secondes à peine sans changer de position dans le ciel. En arrière plan, le célèbre Opéra de Sidney est immédiatement reconnaissable. Il nous indique par extrapolation l'état glacière dans lequel doit être la Terre.

Enfin, et d'un point de vue purement cinéphilique, les monolithes au premier plan prouvent la reconnaissance des auteurs du film envers l'un de leur ainé ayant fait date dans le cinéma de science-fiction :

2001

2001, l'Odyssée de l'Espace (S. Kubrick, 1968)

Sunshine vs 2001

Sunshine (D. Boyle, 2007)

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Mais le plan final de Sunshine pose également problème, pour différentes raisons.

Le vaisseau dans lequel nos huit astronautes voyagent vers le Soleil se nomme Icarus, d'après le célèbre héros mythologique qui est mort de s'être trop approché de l'astre lumineux. En baptisant ainsi l'astronef, les auteurs veulent nous rappeler la leçon de cette funeste histoire : à force de jouer avec le feu, on peut se bruler les ailes.

Sunshine - Icarus

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Le vaisseau Icarus au moment où il porte le mieux son nom.

Or le dernier plan montre que de ridicules petits êtres ont réussi à se rendre maîtres du Soleil. Et cela aura très peu de conséquences négatives (relativement parlant). Contradiction importante à relever, me semble-t-il.

Plus important, ce plan casse la focalisation interne jusque-là respectée. Tous les personnages meurent sans savoir si la mission a réussi ou non mais les spectateurs se voient offrir le cadeau divin de pouvoir quitter le vaisseau pour connaître la suite. Quel n'est pas leur soulagement au moment où ils apprennent que tous les sacrifices accomplis devant leurs yeux ont eu un résultat !

Oui, je pèse mes mots, ce plan ne sert qu'à soulager le spectateur, rien de plus.

D'aucuns mettront bien entendu en avant l'optimisme du réalisateur s'exprimant par ce plan. Certes cette scène et son plan final ont été voulu par Danny Boyle a un tel point qu'il en a tourné une version cheap dans le parc en bas de chez lui avec son caméscope afin de montrer sa vision de la scène aux producteurs qui ont alors accepté de la financer.


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Ce n'est pas un secret, malgré les sujets souvent violents de ses films, Danny Boyle est un réalisateur optimiste amateur des happy ends. Il n'est donc pas étonnant que Sunshine se termine sur cette note positive, même après la mort de tous les personnages.

Mais, selon moi, le film avait déjà une fin et un message optimistes avant même cette dernière scène. Parce qu'à un moment donné, il faut regarder les choses en face : on parle de rallumer le Soleil !!! Même si l'extinction du Soleil était pour bientôt (en tous cas, pour environ 5 milliards d'années), il serait fortement improbable que cet état soit réversible. Et même si c'était le cas, il serait carrément impossible que cette solution soit matériellement réalisable.

Il ne s'agit donc pas tout à fait dans un film d'anticipation dans lequel l'évolution du monde à venir aurait une incidence sur ce que nous devrons faire pour orienter la civilisation dans la bonne direction.

Non, ce film traite en premier lieu des êtres humains, pas du Soleil. Que celui-ci soit rallumé ou non à la fin du film, peu importe, le notre est en parfait état de marche et nous le savons. Mais pendant tout le film et surtout sa dernière partie, nous avons vu des personnages croire en leurs actions et se sacrifier pour mener à bien une mission dont la finalité est très incertaine.

Observer une poignée d’êtres humains (même fictifs) donner leur vie pour éventuellement en sauver des milliards d’autres est bien plus porteur d'espoir que de savoir qu’il est possible de rallumer le Soleil en cas de besoin.

Lorsque l'on donne sa vie, la notion d'ignorance est selon moi la plus importante. On meurt pour la cause à laquelle on croit mais cette mort va-t-elle vraiment changer quelque chose ? Malgré ce doute, on va quand même agir. Et c'est en cela que l'idée de sacrifice est vraiment honorable.

En ajoutant cet épilogue, les auteurs ont préféré mettre la longévité du Soleil en avant, faisant passer les motivations du sacrifice au second plan. Celles-là même qui justifiaient en grande partie la focalisation interne et qui font la beauté de l'être humain.

8 commentaires :

  1. Je vais faire pour une fois l'économie d'indiquer les quelques fautes de frappe du texte, en revanche je tiens à souligner qu'en page d'accueil le nom du réalisateur a été écorché : il s'agit de Danny BOYLE et pas de Danny DOYLE!
    Cela étant dit c'est un très bon article que voilà.

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  2. J'avoue, nous n'avons pas de correcteurs sur ce blog :-(
    Et mon niveau étant ce qu'il est, il y a forcément des bugs.
    Mais si tu veux me souligner les erreurs à l'occasion, je modifierai l'article avec plaisir :-)

    Sur ce, je file en page d'accueil !!!

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  3. Non non, tu aurais pu indiquer les fautes de frappes, parce que comme dit O'Brian, on es pas bonts là-deussus.

    Et puis sans vouloir te forcer, on attend toujours le tiens, d'article... ;-)

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  4. Réponses
    1. Merci Unknown, ça me touche beaucoup, surtout venant de toi ! ;-)

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